Enfin la quille
Énormément de monde me téléphone, m’envoie des SMS ou des courriers électroniques pour me demander de mes nouvelles suite à mon billet précédent. Voici donc les dernières péripéties d’un futur ex-malade.
La vie à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière depuis maintenant une petite semaine se passe bien, les amis et la famille défilent sans cesse, c’est devenu un sujet de plaisanterie pour le personnel soignant visiblement peu habitué à voir autant de monde rendre visite à une seule personne ; ils ont du mal à me trouver dans ma chambre, et lorsqu’ils y parviennent, j’y suis rarement seul, en train de recharger la batterie de ma perfusion pour pouvoir repartir. J’ai surtout eu la chance d’avoir deux anges gardiens dans mon entourage qui ont veillé sur moi en permanence (et qui se reconnaîtront). Grâce à tout ce petit monde, mon moral a pû rester au beau fixe et mon humeur excellente.
J’ai eu une chance extraordinaire : le traitement à base de vaso-dilatateurs et de corticoïdes semble avoir parfaitement fonctionné, puisque d’après les derniers examens j’ai récupéré la totalité de mes capacités auditives, alors que le pronostic du médecin qui m’a fait hospitaliser était défavorable. La rapidité de réaction a été, d’après tous les spécialistes rencontrés, primordiale. Si après une nuit de sommeil vous avez toujours une surdité ou des acouphènes, foncez immédiatement à un service d’urgence ORL, il n’y a pas de seconde chance. Les acouphènes n’ont, pour leur part, pas disparu. Nous avons commencé hier un traitement à base d’anti-épileptiques pour tenter de désexciter les cellules nerveuses à l’origine de ces sifflements permanents. La première prise m’a provoqué des nausées pendant environ cinq minutes, et m’a mis hors-service juste après. Ce traitement durera, en fonction des éventuels résultats, entre un mois et un an. Les vaso-dilatateurs par voie orale, en remplacement de la perfusion actuelle, seront à prendre pendant un mois.
L’ensemble du personnel hospitalier est agréable et souriant, des réceptionnistes au chef de service en passant par les infirmières, les aides-soignantes, le personnel technique, les internes et les praticiens. Ils sont tous pleins de petites attentions, toujours prêts à faire plaisir et à faciliter la vie des « malades ».
La nourriturre est correcte, même si les repas sans sel (en raison des corticoïdes administrés en intraveineuse) sont un peu fades à la longue. Heureusement, à partir de demain, cette partie du traitement sera terminée, et une orgie de sushis et de viande des grisons est à prévoir.
Un interne en ORL avec qui j’ai discuté il y a quelques jours m’a dit avoir eu également des problèmes d’acouphènes le lendemain d’un concert de Marilyn Manson à Bercy. Non seulement l’accoustique de la salle n’est pas terrible, mais il semblerait qu’ils soient incapables de maîtriser le niveau sonore. Le commentaire de Julien laissé suite au billet dans lequel je raconte mes mésaventures me donne vraiment l’impression que le volume de ce concert-ci était anormalement élevé.
J’ai réussi à négocier l’ouverture de mon balcon, d’habitude fermé pour des raisons de sécurité. En tenant le portable à bout de bras, je parviens à atteindre une borne WiFi à l’extérieur de l’hôpital et à utiliser UUCP pour échanger des messages avec l’extérieur (après avoir testé trois cartes WiFi jusqu’à en trouver une assez puissante pour traverser la totalité de cet immense hôpital). La publication d’un nouveau billet ou la navigation sur le web sont par contre totalement malaisées, étant donné que je dois tenir le portable d’une main tout en essayant de taper de l’autre.
Demain, vers 14h, je retrouve la liberté. Même si j’ai passé, toutes proportions gardées, une excellente semaine à l’hôpital, je suis content de le quitter et j’espère ne pas avoir à y retourner de sitôt en dehors des futurs examens à prévoir.
Et encore merci à tous ceux qui m’ont permis de faire passer le temps si rapidement en me tenant compagnie, Agnès, Alain, Alexandre, Alexis, Anabel, Brieuc, Daniel, Élisabeth, Jacob, Joachim, Marie, Melie, Pablo, Roland, Sébastien, Thomas, Xavier, Yann et à tous ceux qui m’ont proposé de passer et à qui j’ai dit que ce n’était pas la peine.